vendredi 9 avril 2010

Sémantique...

Je pense sincèrement être plus loquace sur ce sujet plus tard mais c'est tellement présent dans mon quotidien que cela devient incontournable. Il faut comprendre une chose importante, contrairement en France, le français est ici en danger face à un anglais très présent, du moins c'est ce que l'on nous répète à longueur de temps. Je n'ai pas encore cette sensation mais je suis là depuis peu.
Dominés par les anglais pendant longtemps les français à la base et les francophones avec le temps ont dû défendre la langue française (oui beaucoup d'irlandais sont devenus francophones par exemple avec le temps mais ça fera l'objet de mon volet historique).
Pour ce faire l'Office Québécois de la Langue Française (OQLF) a pour mission de défendre la place de la langue française au Québec et particulièrement d’assurer le respect de la Charte de la Langue Française, plus communément appelée la Loi 101 (rien à voir avec l'album de Depeche Mode), et d’élaborer les programmes de francisation prévus par la loi. L'OQLF c'est un budget de 18M$ et 253 personnes au Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition Féminine (notez les filles qu'on est gérée ici par la culture et la com... Ça me plait bien). Pour vous éclairer ce sont eux qui trouvent les mots français comme "magasinage" pour "shopping" ou dernièrement "choix de la marque" pour "branding" !

Cette lutte permanente engendre des mots, des situations, des mystères, tous plus amusants les uns que les autres, par exemple :
Le Québec est le seul endroit au monde, et je pense ne pas me tromper sur ce coup, où Toy Story ne s'appelle pas Toy Story, mais : Histoire de Jouets.
De la même façon, on ne dit pas un "Quizz" mais un "Jeu Questionnaire", on ne dit pas le "week end" mais la "fin de semaine", on ne va pas à Boston [bostonne] mais à Boston [bosse-thon]...

On est cependant forcé de constater des petites contradictions, sympathiques nonobstant, mais qui peuvent être révélatrices des failles de cette lutte ou encore tout simplement de l'évolution constante des langues : quand en France on a tous eu un K-way enfant, prononcé [Kawouai] ici on dit [kiwai], on ne dit pas "oh la la" mais "oh boy" ! Et lors de toute conversation sociale pour "peu importe" j'ai droit à un "whatever" avec l'accent texan s'il vous plait !
Ce qui me plaît encore plus dans ce bilinguisme, ce sont les publicités en double, soit, exactement les mêmes faites en français et en anglais, avec ou pas les mêmes acteurs, selon la difficulté du texte à rendre dans les deux langues j'imagine. Ces pubs passent respectivement sur les chaînes anglophones et francophones et c'est grisant !

L'effet Kiss Kool pour moi c'est la troisième langue, le Québécois ! Le paradis pour une multilingue comme moi et un délice pour la passionnée des jeux de mots, des subtilités linguistiques que je suis...
Je vois bien ici ou là les origines normandes, suisses ou belges de certaines intonations ou mots mais la langue a tellement évoluée qu'il s'agit d'une langue à part entière aujourd'hui. J'en ai parlé du reste avec des enseignants, la langue enseignée est le français classique et la langue parlée est un peu différente, c'est le québécois, les enfants apprennent donc deux langues d'office, une écrite et une parlée et cela n'a aucun impacte néfaste sur leur apprentissage, c'est naturel et ça marche "de même" (pour dire "comme ça"). La liste de ces expressions propres est longue...
En effet, "icitte", oui le mot "ici"prend un "tte" à la fin, icitte donc, j'apprends tous les jours malgré un lexique en poche à mon arrivée que j'avoue n'avoir pas appris par cœur et pour cause j'apprends plus vite en cas pratique. Pour moi qui cherche du travail ça commence par "la job", job a changé de sexe en traversant l'Atlantique. Les articles disparaissent, des mots changent dans les expressions comme "dans la vie", "sur le visage", "pour de vrai", "faire exprès", qui deviendront "dans vie", "dans face", "pour vrai", "pour exprès", par exemple.
Le plus drôle c'est quand les copains de mon coloc regardent le Hockey à la maison, l'excitation du jeu plus la promiscuité de potes donnent des conversations incompréhensibles pour moi ! Alors quand un joueur frappe le goal à coups de crosse dans la tête, et que captivée par le jeu je dis "mais il est dingue de frapper le goal à la tête comme ça", la dessus mon coloc sourie de me voir dans le match et me corrige "icitte on dit il est fiou de crisser la cross dans face de même".

J'y arriverai un jour, pour vrai !

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