mercredi 28 avril 2010

Où suis-je ?

On me demande des photos, mais je n'ai pas encore pris le temps de voyager à l'intérieur du pays, ça ne saurait tarder, j'ai commencé à prendre mes dispositions rail et covoiturage ! J'attends aussi ma carte de résident qui devrait arriver sous peu pour pouvoir passer aux USA... New York... New Yooooooork !
En attendant, avant les grands espaces, je me suis dit que je vous proposerais bien un petit itinéraire estival qui devrait vous plaire... ou que vous connaitrez déjà peut être qui sait ?

Je débarque à la La Défense, je prends le métro...















Il fait trop beau, fatiguée de marcher, je prends un vélib...










Je pars vers le sud et porte de Versailles je shoot le morceau du mur de Berlin ! Je ne l'avais pas encore vu.

Je pose mon vélib et prends le métro vers Châtelet...












Je traîne à Beaubourg et mate les caricaturistes... J'adore !















Et puis je suis allée dîner dans le quartier chinois...

Quelle journée !













Bien sûr vous n'aurez pas reconnu Paris mais... Montréal !

La bouche de métro offerte par Paris en 2003, Square Victoria.
Le Bixi, directement inspiré du Vélib en plus cher et en structures démontables car ne résisteraient pas à l'hiver ! Déjà que nos vélib ne résistent pas à la pluie... C'est judicieux.
Le morceau du mur de Berlin dans un immeuble/Galerie de la rue Saint-Antoine.
Les caricaturistes de la place Jacques Cartier, Chinatown sur Saint-Laurent et moi samedi soir dernier !

Bises

lundi 19 avril 2010

La French Attitude...

Je dois avouer que je ne me suis jamais sentie aussi française que depuis que je suis arrivée à Montréal. Ce n'est pas prétentieux ou calculé, c'est un fait.
L'accent y est pour beaucoup. En effet dès que j'ouvre la bouche tout le monde sais que je suis française. Et la cerise c'est d'ajouter "de Paris" ! Bon il parait que je n'ai pas l'accent parisien mais sans offense j'ai certains doutes sur la capacité du québécois à définir l'accent parisien, pour avoir vécu 10 ans à Paris et avoir un peu d'oreille je pense pouvoir me placer sur le sujet. Mais à part ça je ne le prend pas mal... Hum
C'est justement un fort sentiment de fierté que je ressens quand je dois décliner mon identité, sans aucun mépris ou affront dans l'idée, c'est juste que je trouve que c'est classe. Alors si mon oreille me permet d'imiter l'accent québécois facilement, semble t-il, je conserve mon "fran-çais parlé" avec délice.

Pareil pour mon nom, on me demande aussi d'où il vient. C'est très valorisant de dire qu'on a plusieurs origines au Québec et à Montréal en particulier, ville internationale s'il en est. Les gens nous voient comme, ce que nous sommes finalement, le fruit d'une interculturalité qui peut être source de richesse. Sans condescendance de ma part et pour mieux comprendre, Gérard Martin, contremaitre chez Renault, qui passe toutes ses vacances au camping les flots bleus dans le Languedoc, et il a bien raison, a moins de chance de comprendre les enjeux qui se jouent actuellement entre la Pologne et la Russie suite au décès de la moitié du gouvernement dans un accident d'avion, que Wojciech Zbikowski, plombier, né à Paris en 1975 de parents polonais. Alors oui ça ne fait pas tout c'est sûr mais ça fait quelque chose quand même.
Alors avec ma triple nationalité je déambule avec élégance dans les rues de la ville. Triple ? Oui car parisienne est une nationalité à part entière !
Je ne sais pas si ce sont les fringues de ma copine Lim ou ma French Attitude à Montréal, ou les deux, mais je passe pour la référence mode ! (hi hi hi ! C'est Thanni qui va se marrer !)
J'ai fait sensation avec ma robe-pull sur leggins noir brillants et talons à une soirée avec des compliments et un déploré "ici la mode arrive toujours après les autres pays", genre je suis avant-garde ! Du coup j'en joue, je fais attention à mes tenues, c'est un cercle vicieux mais j'adore ça. J'ai même ressorti mon Ipod pour aller bosser et j'écoute plus de musique française que je n'en ai jamais écouté.
Justement j'ai eu l'opportunité de faire un stage à la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain la semaine dernière. Concrètement ils ont un programme, Cap sur le Monde, qui met en relation les immigrants nouvellement arrivés et formés, avec des entreprises pour des stages d'exploration courts, non rémunérés, ceci afin de permettre d'établir des liens, rencontrer des personnes, se familiariser avec le milieu du travail, sans prendre de risque pour l'employeur. Ils m'ont pris dans leur service pour apporter mes idées dans l'amélioration de la visibilité du programme Cap sur le Monde dans les médias en général. C'était une super expérience et qui sait... Mais surtout j'ai fait la connaissance de Marie-Pier qui est très fashion et qui du coup a vu en moi une alter ego ! Le deuxième jour elle m'a traîné à la Braderie de la Mode, rendez-vous annuel des jeunes créateurs québécois à prix imbattables ! Elle est super cool et elle m'a permis d'assister à la soirée de clôture des Bénévoles d'Affaires lundi et mardi m'a inscrit gratuitement à un "déjeuner/causerie" de grandes personnalités d'affaires (près de 2000 personnes dans un hôtel de luxe), conférence par le Président d'Air Transat etc. Alors bien sûr je n'ai pas arrêté de me présenter, de serrer des mains et à chaque fois je sens dans le regard et le sourire des autres ce truc de la French Attitude et c'est trop bon !
Je veille tout de même à ne pas tomber dans le cliché du français arrogant car nous sommes un peu perçus comme tel ici. J'ai d'ailleurs retiré la Tour Eiffel de ma carte de visite... non je plaisante, mais j'écoute Yann Tiersen en même temps !

Ces petites anecdotes m'ont naturellement amené à penser à l'identité nationale, grand débat, grand n'importe quoi quand il s'agit de la définir, et grand mystère pour d'autres.
Est-ce à dire qu'il faille quitter la France pour se sentir français ? Non je ne pense pas mais c'est vrai que pour moi c'est révélateur et pour le coup je commence à comprendre.
Est-ce à dire qu'il faille quitter Éric Besson ? Peut être.

vendredi 9 avril 2010

Sémantique...

Je pense sincèrement être plus loquace sur ce sujet plus tard mais c'est tellement présent dans mon quotidien que cela devient incontournable. Il faut comprendre une chose importante, contrairement en France, le français est ici en danger face à un anglais très présent, du moins c'est ce que l'on nous répète à longueur de temps. Je n'ai pas encore cette sensation mais je suis là depuis peu.
Dominés par les anglais pendant longtemps les français à la base et les francophones avec le temps ont dû défendre la langue française (oui beaucoup d'irlandais sont devenus francophones par exemple avec le temps mais ça fera l'objet de mon volet historique).
Pour ce faire l'Office Québécois de la Langue Française (OQLF) a pour mission de défendre la place de la langue française au Québec et particulièrement d’assurer le respect de la Charte de la Langue Française, plus communément appelée la Loi 101 (rien à voir avec l'album de Depeche Mode), et d’élaborer les programmes de francisation prévus par la loi. L'OQLF c'est un budget de 18M$ et 253 personnes au Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition Féminine (notez les filles qu'on est gérée ici par la culture et la com... Ça me plait bien). Pour vous éclairer ce sont eux qui trouvent les mots français comme "magasinage" pour "shopping" ou dernièrement "choix de la marque" pour "branding" !

Cette lutte permanente engendre des mots, des situations, des mystères, tous plus amusants les uns que les autres, par exemple :
Le Québec est le seul endroit au monde, et je pense ne pas me tromper sur ce coup, où Toy Story ne s'appelle pas Toy Story, mais : Histoire de Jouets.
De la même façon, on ne dit pas un "Quizz" mais un "Jeu Questionnaire", on ne dit pas le "week end" mais la "fin de semaine", on ne va pas à Boston [bostonne] mais à Boston [bosse-thon]...

On est cependant forcé de constater des petites contradictions, sympathiques nonobstant, mais qui peuvent être révélatrices des failles de cette lutte ou encore tout simplement de l'évolution constante des langues : quand en France on a tous eu un K-way enfant, prononcé [Kawouai] ici on dit [kiwai], on ne dit pas "oh la la" mais "oh boy" ! Et lors de toute conversation sociale pour "peu importe" j'ai droit à un "whatever" avec l'accent texan s'il vous plait !
Ce qui me plaît encore plus dans ce bilinguisme, ce sont les publicités en double, soit, exactement les mêmes faites en français et en anglais, avec ou pas les mêmes acteurs, selon la difficulté du texte à rendre dans les deux langues j'imagine. Ces pubs passent respectivement sur les chaînes anglophones et francophones et c'est grisant !

L'effet Kiss Kool pour moi c'est la troisième langue, le Québécois ! Le paradis pour une multilingue comme moi et un délice pour la passionnée des jeux de mots, des subtilités linguistiques que je suis...
Je vois bien ici ou là les origines normandes, suisses ou belges de certaines intonations ou mots mais la langue a tellement évoluée qu'il s'agit d'une langue à part entière aujourd'hui. J'en ai parlé du reste avec des enseignants, la langue enseignée est le français classique et la langue parlée est un peu différente, c'est le québécois, les enfants apprennent donc deux langues d'office, une écrite et une parlée et cela n'a aucun impacte néfaste sur leur apprentissage, c'est naturel et ça marche "de même" (pour dire "comme ça"). La liste de ces expressions propres est longue...
En effet, "icitte", oui le mot "ici"prend un "tte" à la fin, icitte donc, j'apprends tous les jours malgré un lexique en poche à mon arrivée que j'avoue n'avoir pas appris par cœur et pour cause j'apprends plus vite en cas pratique. Pour moi qui cherche du travail ça commence par "la job", job a changé de sexe en traversant l'Atlantique. Les articles disparaissent, des mots changent dans les expressions comme "dans la vie", "sur le visage", "pour de vrai", "faire exprès", qui deviendront "dans vie", "dans face", "pour vrai", "pour exprès", par exemple.
Le plus drôle c'est quand les copains de mon coloc regardent le Hockey à la maison, l'excitation du jeu plus la promiscuité de potes donnent des conversations incompréhensibles pour moi ! Alors quand un joueur frappe le goal à coups de crosse dans la tête, et que captivée par le jeu je dis "mais il est dingue de frapper le goal à la tête comme ça", la dessus mon coloc sourie de me voir dans le match et me corrige "icitte on dit il est fiou de crisser la cross dans face de même".

J'y arriverai un jour, pour vrai !